Scaramanga a écrit:Je pense que le prix reste disuasif . Nombre de mes collégues ont arrêté de fumer à cause du prix.
Le Tribunal de Grande Instance de Chalon a condamné vendredi M. François Prétet, PDG du « Journal de Saône-et-Loire », à une amende de 5 000 € pour publication de photographies faisant la promotion du tabac. En outre il devra payer 5 000 € et 3 000 € au titre de l'article 475/1 de dommages-intérêt à l'Association d'aide aux victimes du tabagisme, qui s'était constitué partie civile. Examinée le 10 décembre 2004 l'affaire avait été mise en délibéré au 14 janvier 2005. (1)
A la suite d'une plainte de l'Association d'aide aux victimes du tabagisme, la Justice reprochait en effet à M. Prétet en sa qualité de directeur de la publication d'avoir fait paraître dans le quotidien départemental à plusieurs reprises de mai 2003 à juillet 2004 des photographies (au total une quinzaine), sur lesquelles on pouvait lire le nom de marques, plus ou moins célèbres, de cigarettes. Photographies prises lors de grands prix F1 automobiles.
« Il faut que les quotidiens régionaux se plient, eux aussi, à la loi » avait affirmé maître Delthil, du barreau de Bordeaux, conseil de la partie civile. « Est-ce qu'il est admissible que les quotidiens soient le sanctuaire des fabricants de tabac. Il est bon que les tribunaux le leur rappellent. ». Après s'être félicité que la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique renforce les dispositions de la Loi Evin du 10 janvier 1991 concernant la lutte contre le tabagisme l'avocat bordelais avait également explicité la finalité de cette lutte. « Le problème des fabricants de tabac, c'est de recruter par tous les moyens les consommateurs de demain. ».
« M. Prétet n'est pas fabricant, ni publicitaire, ni vendeur de tabac. » s'était insurgé maître Pierre Mathieu, défenseur du PDG du « Journal de Saône-et-Loire ». Faisant état des législations différentes d'un pays à l'autre concernant la publicité du tabac l'avocat chalonnais avait estimé « Mon client a fait son œuvre de presse. Il n'a fait qu'informer le lecteur de ce qui se passe dans un autre pays. Un journal doit rendre compte de la réalité telle qu'elle est ».
« Je pense qu'on est tombé dans des excès qui vont complètement déresponsabiliser nos concitoyens. Si cela continue on ne pourra plus faire de journal. » avait considéré maître Mathieu. Avant de rappeler que l'Association d'aide aux victimes du tabagisme, qui s'appelait auparavant l'Association des Amis de Jean-Paul, depuis sa création en 1995 était passée de nombreuses fois dans les colonnes du journal pour montrer le danger du tabac et relater ses actions.
Enfin la défense avait regretté que l'association se soit servie du procès comme d'une tribune pour faire de la publicité contre le tabac « Il y a d'autres lieux que les tribunaux. ».
G.H. Theulot
(1) Après Sud Ouest, L'Équipe, Nice Matin, Libération, le Figaro, Le Monde, Télé 2 Semaines, Télé Loisirs ont été condamnés mercredi dernier par le Tribunal de Bordeaux (action intentée par l'AAVT et soutenue par Me Delthil)
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Condamnés ! Le Journal de Saône-et-Loire et son directeur sont condamnés !
Comme beaucoup de nos confrères nous subissons aujourd'hui la force d'une loi (dans une interprétation largement extensive) par ailleurs bien connue, la loi dite Evin.
L'Association AAVT partie civile et Maître Delthil emportent donc la décision et les montants préjudiciels afférents à cette décision.
Mais ce que nos lecteurs doivent savoir.
L'Association AAVT a été fondée en 1995 par Mme AFFONSO (Paray-le-Monial) ; elle a été abondamment (surabondamment) promotionnée en son temps par Le Journal de Saône-et-Loire ; naïveté et candeur (citoyennes !) du Journal de Saône-et-Loire qui dans cette affaire souhaitait manifester son intérêt pour les buts affirmés de santé publique. (1)
Soutien excessif sans doute mais nous n'attendions en retour aucune lettre de remerciement de Mme AFFONSO. Par contre, nous pouvions penser qu'entre gens de bonne compagnie si un différend survenait entre cette association et notre journal, nous saurions le régler par un contact direct avec franchise et simplicité.
Pas de lettre de remerciement, pas d'échange téléphonique, simplement une assignation présentée par Maître Delthil avocat bordelais.
L'objet du délit : une quinzaine de photos principalement de Schumacher arborant sa combinaison rouge « logotée » et non « floutée ». 15 photos (dont certaines mesurent à peine 3 à 4 cm_) qui ont échappé à la vigilance de nos sections « flouteurs », 15 photos (sur 13 à 15 mois) à rapprocher des 300 à 350 photos que nous publions chaque jour.
La Loi Evin est ce qu'elle est ; le législateur l'a voulu ainsi et quoiqu'on puisse en penser. c'est ainsi ! Mais apparemment, par certaines de ces dispositions, elle crée aujourd'hui dans son application des situations ubuesques, surprenantes, discriminatoires donc vexatoires.
Surprenant : lorsque Maître Delthil justifie son action et affirme : « il est évident que si les cigarettiers dépensent autant d'argent pour apposer un autocollant sur un casque, c'est précisément parce que des photos sont reprises dans la presse écrite. La Presse ne doit pas être le sanctuaire des fabricants de tabac ! » Argument choc s'il en est, merveilleusement franco-français. Il transperce sûrement les brumes bordelaises mais je crains qu'il ne franchisse difficilement la barrière pyrénéenne ou la ligne bleue des Vosges.
La F1 c'est quelques centaines de millions (3, 4, 5 ?) de téléspectateurs (2) par le monde qui rivés à leur poste pendant 2 à 3 heures regardent Schumi et ses amis tourner comme des métronomes avec leurs voitures et leurs logos, leurs casques et leurs logos, leurs combinaisons et leurs logos, le tout dans un décor de panneaux publicitaires où apparaissent évidemment les célèbres logos interdits.
Si l'on suit Maître Delthil, on comprend mieux comment les grands états-majors cigarettiers prennent leur décision ultime, celle qui est d'investir ou non sur ce sport : l'argument décisif, celui qui fait basculer la décision, c'est la réponse à cette question : « Le Journal de Saône-et-Loire laissera-t-il passer ou non une quinzaine de photos arborant notre logo mortifère ? » Oui ou non ? Sur ce dilemme se joue l'avenir de la F1.
Une satisfaction au moins : Maître Delthil nous reconnaît (au Journal de Saône-et-Loire et à l'ensemble de nos confrères presse écrite française) un pouvoir et une puissance qui nous réchauffent le cœur !
Mais au-delà de ces remarques de bon sens je suis choqué par le caractère discriminatoire de la situation que nous subissons aujourd'hui. Le texte, pour des raisons techniques évidentes, n'est pas applicable à la télévision à ce jour. On se retrouve donc dans une situation sublime où on estime que suivre pendant 3 heures un Grand Prix, rivé à sa télévision incite le téléspectateur dès le podium terminé à ouvrir précipitamment sa fenêtre pour respirer un grand bol d'air frais ; mais que ce même téléspectateur devenu le lendemain lecteur de son journal favori sera pris, à la vue d'une photo non « floutée », d'une irrépressible pulsion : « en griller une » le plus rapidement possible.
Va-t-on poursuivre dans cette voie ? Interdire demain de photographier un paquet de cigarettes sur une table, « flouter » la bouteille de champagne de Schumi ou dans quelques jours celle que brandira Ellen Mac Arthur, exit les Ferrari, Porsche et autre BM (incitation mortifère à dépasser les vitesses limite). j'arrête là la liste.
Une dernière proposition en guise de conclusion. Ce combat majeur de santé Publique ne peut être entaché d'aucune ambiguïté ou interprétation malveillante ; pour cela ne serait-il pas éminemment pertinent de décider que la totalité des amendes, sommes préjudicielles, article 475-1 ou autre article 700 soit affectée directement à une structure Publique dont l'objet serait de financer toute campagne promotionnelle ou publicitaire contre les risques du tabac ?
Mesure simple s'il en est que je me permets de suggérer au législateur ou/et aux juges.
Mesure qui donnerait satisfaction à tous : à la Presse qui accepterait plus volontiers d'être punie, aux associations déchargées de ce cadeau empoisonné (la gestion de sommes considérables qui leur impose des responsabilités toujours délicates), à l'ensemble de nos compatriotes enfin qui verraient clairement la réalité d'un combat partagé par tous.
Tout ceci étant dit, reste l'essentiel. Le Journal de Saône-et-Loire poursuivra son « job », il apportera son soutien à la lutte contre le tabagisme et à l'éducation préventive. La décision de justice, qui s'impose évidemment à nous comme à tous, nous incitera encore à plus de vigilance ; mais nos lecteurs l'auront sans doute compris (après un si long papier !) cette action nous reste « en travers de la gorge » et nous sommes. vexés.
François Prétet
(1) Sur le site Web de Mme Affonso, tous les articles évidemment reproduits sans autorisation (cyberpillage) parus dans Le Journal de Saône-et-Loire assurant la promotion de son association, c'est ce qu'on appelle avoir une certaine assurance !
(2) 50,4 milliards de téléspectateurs en audience cumulée ont regardé les 19 Grand Prix en 2001 (source Eurodata Worldwide) ; TF1 5 millions de téléspectateurs à chaque Grand Prix en moyenne.
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