Universal Music
Pascal Nègre à pleins tubes
Piratage, crise du CD, procès contre Johnny, matraquage des radios... Pascal Nègre tient bon. Même si la « rock'n'roll attitude » du patron d'Universal Music France tranche avec son attitude de père Fouettard de l'industrie du disque. Contradictions...
Parce qu'il a inondé les bacs des albums de la « Star Ac'», parce qu'il apparaît, malgré ses airs de vieux potache, comme le « vilain censeur » qui menace les jeunes pirates du disque, parce que à la tête d'Universal Music France il a défendu Jean-Marie Messier et survécu à Jean-René Fourtou, parce qu'il pourfend JohnnyHallyday devant les tribunaux, parce que, malgré la crise du disque, sa « petite entreprise » - leader avec 34,4 % de parts de marché - n'a jamais perdu d'argent, Pascal Nègre concentre sur sa personne toutes les tensions et contradictions d'un monde en crise, celui de la musique, dont les victoires, célébrées samedi 5 mars, prennent, de plus en plus, des allures de défaite.
Dans son bureau de la rue des Fossés-Saint-Jacques, à Paris, à deux pas du Panthéon, Pascal Nègre peut se dire qu'il a « limité la casse » en réduisant les dépenses. Sauf une : les salaires mirobolants des patrons de label. Un non-dit qui vaut son pesant d'or. Le niveau des rémunérations correspond aux années fastes ; il n'a jamais été révisé à la baisse. « Le moindre patron de label, du style Mercury, Barclay, Polydor... émarge à 30 000 euros par mois alors que, honnêtement, ce sont de petits business, confie cet ancien cadre de l'industrie musicale. Il y a quelques années, EMI France cherchait son dirigeant. Un chasseur de têtes m'a proposé le job pour 61 000 euros par mois, 183 000 euros de bonus annuel, plus un tiers du pack en stock-options tous les trois ans. Vous imaginez combien de disques il faut vendre pour payer le salaire du patron ? »
Aujourd'hui, le poste chez EMI est de nouveau à pourvoir. Selon nos informations, les chasseurs de têtes le proposent au tarif exorbitant de 1 million d'euros par an, sans compter les stock-options. Bien que leader, Nègre ne fait pas mieux : 83 330 euros de salaire mensuel (1 million d'euros par an, l'équivalent d'un disque de platine). Son bonus annuel, en revanche, s'est effondré avec la crise du disque.
Salauds de pirates !
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